Le jury de cette 2e édition a décerné le Prix Lucas Dolega au photojournaliste italien Alessio Romenzi, pour son travail exceptionnel en Syrie : « Surviving in Syria ».
Le reportage
Les troubles qui agitent la République arabe syrienne depuis mars 2011 continuent d’affecter les populations civiles, en particulier les catégories les plus vulnérables de la population. La situation se détériore dans les villages et villes du pays, laissant les habitants sans protection, abri, nourriture et eau. Beaucoup de civils ont été tués tandis que les autres survivent dans la peur quotidienne. Bien qu’ils soient nombreux à s’être enfuis et réfugiés dans les pays voisins, ceux qui n’ont pas pu quitter la Syrie sont constamment exposés à la violence du conflit.
Biographie
Alessio Romenzi est né en 1974 et basé au Moyen Orient. Il a couvert le Printemps arabe depuis les premiers jours, avec une attention particulière pour l’Egypte et la Libye. Il a ensuite travaillé en Syrie et a été l’un des premiers photographes à entrer clandestinement dans le pays, alors que le régime de Bachar Al-Assad commençait à utiliser des armes lourdes contre l’opposition et à interdire l’accès aux journalistes.
Ses photos ont été régulièrement publiées dans le monde entier, que ce soit pour la presse ou des ONG (Amnesty International, FAO, Unicef, la Croix Rouge, Save the Children, Terres des Hommes, War Child International, parmi d’autres). Quand on lui demande ce qui le motive, il n’a rien de définitif à dire. Il pense simplement qu’« un appareil photo est le meilleur moyen qu’il a de ne pas oublier ce qui se passe ailleurs. »
« Je me suis intéressé à la Syrie depuis le début du soulèvement dans le monde arabe, poursuit Alessio Romenzi. La guerre civile qui s’est déclenchée a accaparé mon attention. Mais trouver des accès et pouvoir entrer dans le pays a été très difficile. Avec l’accélération des violences et l’instabilité de la situation, il était quasi impossible pour les journalistes de savoir quand et comment accéder aux points chauds du conflit. A un moment crucial pour moi, j’ai décidé d’aller au Liban et d’attendre le bon moment pour entrer en Syrie. Cela m’a pris beaucoup de temps de trouver un moyen et ça n’a pas été sans risques. Une fois à l’intérieur, j’ai eu la chance d’être au coeur du conflit et pu partager la tragique expérience des populations civiles. J’ai passé plus de deux mois avec des familles syriennes et des membres de l’Armée syrienne libre. J’ai essayé de comprendre ce qu’ils pensaient, ressentaient. C’est ainsi que j’ai été invité à capter leur vie dans des moments très intimes. Le but de ce travail est de continuer à faire prendre conscience de ce qui se passe en Syrie, de faire réfléchir sur la destruction et les souffrances que la guerre amène dans la vie des personnes. »